65. Il mio sogno italiano – in Puglia

Le voyage a commencé à 14h14 au binario 12 de la Stazione di Santa Maria Novella. Il a continué au binario 12 à 16h16 à la Stazione di Roma Termini. 
Heures miroirs, espaces miroirs.
En ce moment je repense beaucoup à mes années anglaises et à Lille, sans raison apparente. A dire vrai, il y a beaucoup de choses qui me reviennent en tête ces temps derniers. Elles font leur petit tour sur les chemins de mon esprit. La nuit, je revois des espaces rêvés des mois plus tôt. Le jour, mon corps est brusquement traversé par des époques passées, comme une brise légère et discrète, comme une sensation de déjà-vu que l’on ne peut jamais vraiment saisir.
Mon cerveau fait peut-être son ménage de printemps. Pour info, cervello mio, j’ai serpillé ma terrasse. Travail d’équipe.

In Puglia, ce n’est pas une brise légère et discrète qui nous a traversés mais bien un bon gros ventaccio della Madonna, qui, si j’en crois ilmeteo.it, continue de faire son tour dans le talon de la botte.
Je voulais voir le sud de l’Italie, je voulais vivre mon « sogno italiano ». Après quelques temps à l’étranger, on a besoin de se replonger dans ces premiers moments de l’aventure, on a besoin de se déshabituer. Parfois je regrette le temps où je ne comprenais pas un mot d’italien. C’est un air instrumental qui petit à petit se transforme en air chanté. J’ai, de fait, toujours préféré la musique sans voix humaine.
Oui oui, je vous vois venir...Vous voulez vivre votre sogno italiano vous aussi, hein ? C'est bon, j’arrête mes digressions et je vous jette, telles des pommes dauphines à Jacquouille, quelques photos du voyage. Enjoyez mes Pouilleux.
Nous logions à Lecce, dans une auberge de jeunesse occupée majoritairement par des chats. Un sogno. 
Cette ville que l’on surnomme « La Florence du Sud » (non validé par les Florentins) est un bijou à la fois antique et baroque avec son amphi + théâtre romains et ses 357 églises dentelées de Saints, d’animaux et de fleurs. La teinte ocre de ses bâtiments lui confère un aspect paisible et élégant, c’est un peu comme ce moment fugace et merveilleux de la matinée où tout vous semble simple et possible. Phrase valable seulement le week-end et en vacances. 
Mais Lecce est aussi belle de nuit et c’est d’ailleurs sous les étoiles que nous l’avons la plus arpentée. La journée, nous avons exploré les environs grâce à notre beau FIAT DOPLO. 
Premier jour, direction la pointe des Pouilles, entre mer ionienne et mer adriatique. Un sogno. La côte entre Santa Maria Leuca et Otrante est entrée dans mon Panthéon routier. Des paysages différents à chaque virage, l’Albanie au loin, la découverte du pasticciotto alla crema... Un so...
[Entracte gastronomique]
Plus haut j’ai parlé de l’importance de se déshabituer. Foutaises ! Vive les habitudes, surtout quand elles concernent... LE RUSTICO.
Le rustico (feuilleté fourré de béchamel, mozzarella et tomates) de la pasticceria Carmelino que nous prenions chaque matin devrait être inscrit dans la Constitution. Un devoir citoyen essentiel, salutaire même.
Et un autre amendement pour le pasticciotto et qu'ça saute ! Le pasticciotto est une pâtisserie composée de pâte sablée garnie de crème pâtissière, de crème de pistache, de nutella et/ou de ricotta.
Bien sûr nous avons trop mangé, mais comme je dis souvent, si je me fais écraser par un bus ou une Vespa, je préfère mourir le ventre plein de délices que de navets bouillis. Au moins les médecins légistes se divertiront (« Et ben, elle se mettait bien celle-là »). Pour finir, les traditionnelles orecchiette cime di rapa, même si j’ai préféré la version stracciatella pomodorini.
Reprenons. 
Faute de soleil, mais pas de bonne humeur, nous avons continué notre exploration des Pouilles de haut en bas et de droite à gauche.
Polignano sous la pluie, Locorotondo sous le vent, Gallipoli sous la pluie et le vent.
Entre chaque église, nous faisions des pauses espressini (un petit cappuccino servi dans un verre), des pauses spritz, et un peu plus tard dans la journée, des pauses "shots vénitiens" dans un bar de d'jeuns. Ces shots aurait fait partir le Doplo à 200 à l’heure en deux secondes.
Et puis des moments suspendus comme dans la Chiesa di Santa Chiara où le vent faisait valser la lumière sur la porte immaculée de l’église. Ou comme ce guitariste sous les portiques de la bibliothèque au milieu d’un lecteur et d’un dormeur, à chanter en dialecte pugliese. Ou enfin quelques larmes versées à Tricase, face à la mer et au milieu de jeux d’enfants, sans savoir pourquoi. 
La sensation d’un bonheur retrouvé ou peut-être juste nouveau.
Tiens, cervello mio, prends donc ce sentiment nouveau, fais lui faire le plus beau tour de tes appartements et construis-lui une maison ocre avec un chat pugliese qui attend sur le perron.
A presto, il mio sogno italiano. 

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