52. Horizontalité, verticalité

L'autre soir, je suis allée écouter une conférence d'Olivier Roy, politologue français, à l'Institut français de Florence. Il y présentait la thèse de son dernier livre qui s'intitule "L'aplatissement du monde". Bien que ces propos étaient clairs et illustrés, je n'ai pas vraiment adhéré à sa représentation du monde. Le débat était en revanche très intéressant et j'en suis ressortie méditative. Selon lui nous assistons à une perte de la verticalité du monde (plus de transcendance divine, la distinction entre les animaux et les humains n'aurait plus lieu d'être...) et donc à un aplatissement du monde. Entendez-le de manière pessimiste. 
C'est peut-être pour contrebalancer sa thèse que je me suis décidée, dès le lendemain matin, à partir explorer les hauteurs de Florence. Lors de mes nombreuses promenades au jardin des roses j'avais en effet remarqué un petit panneau marron où il était indiqué "Romea Sanese". C'est une ancienne voie romaine qui relie Florence à Rome, en passant par Sienne. De Florence à Sienne il y a 80km, et même si je suis devenue un peu sportive, je n'ai pas voulu me lancer dans ce trekk toscan. Du moins pas tout de suite.

Je suis partie de l'appartement vers 8h30, j'ai pris un cappuccino et un croissant à la crème et je me suis mise en marche. Un pigeon m'a saluée sur le Ponte alle grazie. 
Je l'aurais bien pris avec moi mais il m'a dit qu'il n'avait pas ses baskets.
Je retrouve le fameux panneau marron, un chien m'indique le chemin et je commence à ressentir la verticalité de Florence. 
Ca grimpe ! J'ai déjà chaud. J'aime beaucoup ce nouveau point de vue et cette lumière matinale. Je continue ma route, je vois à droite, à gauche des maisons toutes plus ravissantes les unes que les autres. Après une vingtaine de minutes, je quitte Florence ou Florence me quitte comme vous voulez. C'est drôle de se dire que c'est un prénom, Florence. 
Au détour d'un virage, j'aperçois l'horizon toscan, ses reliefs. Ah, ces petites collines, ces oliviers, ces cyprès... On en mangerait ! 
Au bout de deux heures de marche environ, je quitte la via Romea Sanese et je redescends de ma montagne pas à cheval mais en direction de la Porta Romana, limite sud-est des jardins de Boboli. Je me repose quelques instants dans le Giardino delle Scuderie reali et j'observe les chiens. Ils ont l'air de s'éclater. 
Parfois j'aimerais être un chien. Vous en dites quoi de ça M. Roy ? 

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